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« GUUURL, regarde-moi la beauté de cette robe ! Soldée en plus ! »
Eh oui… La fast fashion se résume ainsi. Un vêtement assez beau pour ressembler à l’œuvre des marques de luxe et suffisamment peu cher pour te faire sortir la carte bleue.
Tu fais ça ? Non. Toi tu prends plutôt tous les articles qui ne sont PAS soldés. Étrange ? Rassure-toi, moi aussi je faisais ça fut un temps. (La fille qui pense qu’elle a 50 ans, tu sais…)
Mais sérieusement, je peux te demander une petite faveur ? Oui, on ne se connaît pas, mais c’est qu’un détail ça. 🙄
*Soupir* est-ce qu’on pourrait prendre une minute pour penser à l’impact de nos vêtements neufs sur l’environnement ? Et sur notre charge mentale. Et aussi sur notre porte-monnaie. Et puis — OK j’arrête.
Parce que si on réfléchit un peu au processus de fabrication, eh bien… c’est pas très glorieux.
Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu serais prête à sacrifier pour avoir les toutes dernières tendances de la mode ?
Ta mère ?! Humm… Je pensais pas que c’était à ce point… Bref. Peu importe.
Moi je ne te demanderai pas de sacrifier quoi (ou qui) que ce soit, juste de m’accorder toute ton attention. Ah et… Ton intérieur et ton portefeuille te remercieront. Et peut-être même que tu gagneras le badge de la garde-robe écolo.
Partante ?
Identifier les coupables pour mettre fin au cauchemar de la fast fashion
Les coupables, ce sont les marques. Bien vu.
Mais quelles marques participent à la fast fashion ? Qu’est-ce qu’on en sait après tout… C’est beau, j’achète, je porte, je partage. Je me trompe ?
Allez, pour t’aider un peu je pose ça là :
- Zara
Topshop - H&M
- GAP
- Uniqlo
- Primark
- Mango
Ça va ? Tu veux une chaise peut-être ? 🤒
Je sais, je sais. Pour moi aussi ces marques représentaient la majorité de ma garde-robe.
Maintenant, au lieu de pleurer ensemble, voyons plutôt comment est-ce que la fast fashion détruit-elle tout sur son passage.
« Elle parle d’un Tsunami ? J’ai raté un truc ? »
Qu’est-ce qui cloche avec mes vêtements fast fashion ?
Tu savais que plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde ? Moi non plus, merci ADEME pour la source.
Le pire, c’est que la production a doublé entre 2000 et 2014. L’industrie de la mode nous bombarde constamment de nouveaux produits. Et quand tu sors dans la rue, qu’est-ce que tu vois ? Achète, achète, achète. 😵
Forcément, petit schéma psychologique *tchiuuuu* (bruitage C’est pas Sorcier) et on finit par penser que si on n’achète pas ce magnifique petit haut, ou cette jupe ultra-tendance, on va mourir d’un cœur brisé. Et accessoirement, on ne pourra pas vivre heureux.
Si on produit de plus en plus de vêtements, quel est le résultat ? 1,2 milliard de tonnes de dioxyde de carbone émis par l’industrie de la mode par an (Oxfam, 2019, p.1). Tu as bien lu 1,2 MILLIARD de TONNES.
Disons que c’est ni plus ni moins que les émissions combinées des industries mondiales du transport aérien et du transport maritime. Rien que ça.
Attention, je ne te jette pas la pierre. Nous sommes tous coupables d’avoir acheté un vêtement soldé pour le laisser croupir au fond d’un placard, encore étiqueté.
Oui… mais
Tu vas me dire que 95 % de tous les textiles peuvent être réutilisés ou recyclés. Mais je t’arrête tout de suite. Malheureusement, même pour ceux d’entre nous qui agissent de manière responsable en faisant don des articles (mal-aimés) à des œuvres caritatives… Ce n’est pas la fin de la ligne.
Et ça ne change rien au résultat : nous en envoyons quand même un bon paquet à la décharge.
Pour constater à quel point le shopping nous fait tourner la tête, il n’y a qu’à voir comment les ventes en ligne sont montées en flèche pendant le confinement et la fermeture des magasins.
Mauvaise nouvelle : les retours ont eux aussi augmenté.
Sans déconner, tu as vu un peu ces queues immenses devant Zara ou Primark après le déconfinement?
En plus, les marques cachent bien leur petit côté sombre. 😈 Il a été constaté que les entreprises enfouissent et brûlent même les retours plutôt que de les traiter pour les revendre.
La Fondation Ellen MacArthur rapporte que chaque seconde « l’équivalent d’un camion poubelle de textiles est enfoui ou brûlé » (2017).
Formidable. Mais en quoi ça te concerne ?
Pourquoi ça devrait t’intéresser, toi, simple passionnée de la mode?
À ce stade, tu dois penser que trouver et acheter des vêtements à bas prix te fait faire des économies monstres.
Tu oublies juste un minuscule détail. Ces vêtements sont faits de matériaux bon marché dont la durée de vie… hum… laisse à désirer. En fait, selon certaines recherches un vêtement fast fashion est conçu pour être porté moins de dix fois. Le gaspillage dans toute sa splendeur.
Et tu en as fait les frais.
Bah tiens, rappelle-toi cette superbe chemise qui taillait parfaitement. Tu l’as mise une fois en machine et hop magie… Plus de chemise.
OK Mila, mais attends je vais quand même pas dépenser une petite fortune dans de la mode durable en coton soyeux. Non, c’est promis.
Mais dis plutôt, est-ce que manger un burger à 3,50 € tous les jours te fait économiser plus d’argent qu’un repas préparé à la maison, avec les courses qui vont avec ? Oui, évidemment.
Sur le coup, tu vas économiser de l’argent et même du temps. Une bonne poignée de temps.
Ensuite, quand tu devras payer 23 € la consultation pour une intoxication alimentaire, un traitement concentré en fer pour ton anémie, et plus si affinité… On en reparlera.
Pour ce qui est de la mode, c’est la même chose. Maintenant on kiffe notre vie en s’habillant aux dernières tendances. Mais dans quelques années on va recevoir une facture salée de l’environnement. Pour les dégâts causés au climat, aux énergies, à l’eau, et j’en passe.
Ce qui, je le précise, affectera un jour ou l’autre notre bien-être, en plus de notre portefeuille, mais bon, après tout, on s’en fiche de demain, n’est-ce pas ? 🙃
Qu’est ce que ça donne en français ?
La fast fashion essaie de suivre les tendances. Le problème, c’est qu’une tendance c’est comme une étoile filante. Quand ça passe, t’es là « waaaaw magnifique » et pouf elle disparaît et tu oublies vite la dernière fois que tu en as vu passer une.
Résultat, les entreprises de mode passent la 5e pour produire plus de stock, plus vite.
Par conséquent, pour détourner notre attention sur ce qui se cache derrière les étiquettes, ces entreprises multiplient les réductions, soldes et autres publicités. Histoire de nous mettre un bon coup de pied pour basculer dans le cercle vicieux de la fast fashion. Acheter toujours plus… et toujours plus vite.
Alors nous, pauvres accros du shopping, on lit vendredi un article qui nous révèle que le trench est le nouveau must have pour cet automne, on file en acheter un, on l’aime, et on lit deux semaines plus tard que la fourrure est une valeur sûre.
De quoi en perdre la tête et offrir toujours plus de vêtements démodés pour tenir compagnie aux poubelles. Favorisant ainsi la culture du jetable.
Attends. Je ne t’ai pas dit que la mode fashion était aussi appelée mode jetable ? Oui voilà, comme un vulgaire mouchoir usagé.
Donc si on résume, les sociétés de production polluent non seulement notre économie mondiale, mais aussi notre environnement : des océans massivement contaminés d’ordures, peut-être bientôt la fin des énergies premières.
La fast fashion, c’est aussi des populations entières maltraitées pour fabriquer tous ces jolis vêtements.
Leur production se fait en majorité dans des pays où les minima sociaux ne sont pas respectés : absence de contrat, travail de l’aube au coucher du soleil, salaires de misère, bâtiments insalubres, travail infantile. Et la liste des défaillances est longue.
Tu te souviens surement de l’effondrement Rana Plaza au Bangladesh en 2013, non conforme aux normes de sécurité, et qui a mené à la mort de 1 100 personnes.
Si ce n’est pas toi qui paye, c’est quelqu’un d’autre.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
20 % des déchets d’eau dans le monde proviennent de l’industrie de la mode.
Tu vois ton beau tee-shirt avec imprimés là ? Bah il faut l’équivalent de 70 douches pour le concevoir. Et pour produire un jean, c’est 285 douches (encore merci ADEME).
Et les dégâts ne feront qu’empirer… On estime que les émissions de gaz à effet de serre des industries de la mode augmenteront de plus de 60 % d’ici 2030.
Sinon, t’aimes bien les documentaires ? The True Cost (ou Le Vrai Prix pour les non anglophones parmi nous…) est un documentaire que tu peux retrouver sur Netflix. Il est tourné dans plusieurs pays pour explorer l’impact de la mode rapide sur le monde. D’ailleurs, toujours dans ce programme, tu apprendras que 80 milliards de nouveaux vêtements sont consommés chaque année. Soit une augmentation de 400 % par rapport à ce qui était consommé il y a deux décennies.
Je ne te spoile pas la suite, tu peux retrouver la bande-annonce juste ici. Pas de panique, elle ne dure que 2 minutes. 😊
Est-ce qu’il y a une solution?
Maintenant, je te l’accorde… On ne peut pas sauver le monde dans lequel on vit à grands coups de baguette magique. Par contre, il existe des solutions pour gaspiller moins et repenser notre garde-robe:
- Acheter d’occasion
- Ou, à défaut, choisir des marques avec des labels ;
- Entretenir ses vêtements ;
- Penser au troc ;
- Offrir une nouvelle utilisation à ses vêtements usagés ;
- Et dans le pire des cas, apprendre la couture. 🙃
Alors tu vois, on peut trouver de nombreuses façons de limiter notre consommation en textile. Il faut juste un chouïa de motivation pour mettre KO les bonnes excuses. D’ailleurs, pas de panique, je t’ai préparé un article détaillé pour dire adieu à la fast fashion — sans culpabiliser et sans brûler ton dressing.
Semaine prochaine, même jour, même heure. Ça te laissera le temps de réfléchir à (ou de digérer) tout ce qu’on vient de se dire.
Et toi, mode fast fashion ou pas mode fast fashion !!
🤩🤩